Peu de séries télévisées méritent mon intérêt. La plupart semblent tout droit sorties d’une chaîne de montage. Il y a le type de série qui veut que chaque épisode soit indépendant du prochain. Il y a deux évidents avantages à cette formule. Premièrement, le téléspectateur peut sauter un épisode et tout de même s’y retrouver. Puis, elles se prêtent bien aux rediffusions.
Dead like me appartient, lui, à une génération de séries plus audacieuses. Ses personnages évoluent et des mystères se dévoilent. Les rebondissements qui parsèment la série servent de référence aux épisodes subséquents. Heureusement, Dead Like Me (première saison) n’est pas non plus qu’un long film segmenté en 14 parties. Chaque chapitre a son introduction et sa conclusion, et la conclusion ne semble jamais bousculée. Dead Like Me fût diffusé sur le réseau américain Showtime en 2003. Une seconde saison fût ensuite réalisée, preuve que la réaction du publique fût favorable.
Une des merveilles de Dead Like Me, c’est l’alter ego des faucheurs. Ils doivent garder le secret de leur retour sur terre. Quelques facteurs assez macabres font qu’ils ne peuvent être reconnus par ceux qu’ils ont fréquentés avant leur mort. Aussi, afin d’éviter les soupçons, puisqu’ils se retrouvent constamment sur les lieux de décès et qu’ils quittent normalement en jasant avec une âme (invisible à l’humain), ils semblent se servir d’un certain talent de tromperie mystique face aux témoins potentiels. Cet aspect n’est jamais vraiment élaboré mais le fait qu’on n’en parle que vaguement rend les choses plus mystérieuses. L’aspect le plus susceptible de vous faire soit haïr ou adorer cette série, c’est justement toutes ces zones grises. De temps à autres, on vous donne un indice ; d’autre fois, c’est une révélation dont on vous fait cadeau. Certains trouveront que le « mécanisme » suggéré de l’au-delà est rempli de failles. Personnellement, j’offre le bénéfice du doute à tout ce qui fait plus ou moins de sens dans cette série, parce qu’elle a tendance à vous revenir éventuellement sur un mystère et l’éclaircir à votre grande surprise.
Les six faucheurs ont une chimie extraordinaire. Tout d’abord il y a Georgia. C’est autour d’elle que pivote l’histoire et elle sert de narratrice. Au cours de la première saison, sa nonchalance et son arrogance laissent tranquillement place à un comportement plus philosophique. Ellen Muth joue Georgia à la perfection. Enjouée, déprimée, ennuyée ; elle est toujours mignonne à craquer. Comme c’est le cas pour la plupart des acteurs de soutien, elle grossit son personnage au point d’en faire une caricature ambulante.
Puis vient Mason, un rebel qui refuse de travailler pour gagner sa vie. Il vole, se drogue et flirt comme s’il n’avait pas vieilli depuis sa vingtaine (les faucheurs, doit-on assumer, sont prisonniers d’un corps qui ne prend pas d’âge mais ce qu’il reste d’eux continue d’acquérir des connaissances). Malgré ses vices, il est probablement le plus sympathique de la bande. Il est interprété par Callum Blue, un britannique vraiment charmant totalement absorbé par son rôle.
Betty, elle, est manipulatrice avec les mortels, mais plutôt amicale avec les faucheurs. C’est Rebecca Gayheart (Urban Legend) qui lui donne vie. Sa participation à l’émission est de courte durée et son départ est plutôt brusque. Elle quitte alors qu’on commence à s’attacher à elle. Rebecca n’avait malheureusement signé que pour quelques épisodes et son départ sera regretté!
Jasmine Guy incarne Roxy. Celle-ci nous donne l’impression de vivre misérablement. Elle ressent du regret et la nostalgie mais derrière son agressivité se cache une belle féminité. Son personnage est un peu laissé dans l’ombre mais je soupçonne que la seconde saison nous en apprendra plus sur elle.
J’ai eu du mal à accepter la venue de Daisy autant que le départ de Betty. Heureusement, Daisy apporte beaucoup à l’histoire. Elle profite, est manipulatrice et la « haute gestion » refuse de la laisser briser les règles de l’après vie. Laura Harris (The Faculty) la personnifie et elle fait un excellent travail. Son interaction avec Rube, Mason et Georgia est très particulière.
Le dernier faucheur, et non le moindre : Rube. C’est celui-ci qui distribue les tâches à chacun. Il en sait beaucoup plus que les autres mais il est passé maître dans l’art de détourner les questions. Mandy Patinkin joue la figure paternelle et le patron de Georgia. Ce rôle lui va si bien qu’on a du mal à croire que c’est un métier.
On suit à tous les épisodes l’ancienne famille de Georgia. Cette première saison s’étend sur une période d’un an, année pendant laquelle Joy la mère, Clancy le père et Reggie la sœur de Georgia font leur deuil. Le couple se déchire lentement alors que Reggie (11 ans) vit un traumatisme. J’aime moins cette partie obligatoire de l’émission. Elle est déprimante et ne semble conduire nul part. Cynthia Stevenson, qui joue la mère, ne peut simuler aucune émotion. Après avoir essayé de comprendre le personnage pendant quatre ou cinq épisodes, vous abandonnerez son cas. Il est très difficile de sympathiser pour elle. Le père (Greg Kean) n’est guère plus intéressant. Je ne ressens jamais la douleur que ces deux peuvent éprouver. Une seule chose me semble évidente : leur relation ne fait que se dégrader mais rien de concret ne se produit. C’est déprimant pour une comédie, aussi noire soit-elle.
Dolores Herbig (Christine Willes) est une révélation pour moi. C’est probablement le personnage le plus animé. Elle est surexcitée et ne peut que tomber en amour avec vous ou vous détester. Attendez-vous à des surprises de sa part!
On a droit à un, deux, parfois trois décès par épisode. Bien que de deviner comment ceux-ci seront orchestrés est des plus amusants, vous en oublierai parfois de les compter parce que Dead Like Me se réserve beaucoup de revirements de situations, de règles brisées et autres, qui laissent trop peu de temps pour des accidents sanglants. Au fait, la violence ici est très minime. Elle est souvent suggérée, très légère ou brillement filmée, de façon à tourner l’incident à la blague.
Les gravelings, ces créatures animées en 3D, vienne ajouter cette touche magique à l’histoire. Ils sont rapides, grimpent les murs et ce sont eux qui causent la mort en déplaçant souvent des objets de façon stratégique. Si vous êtes familiers avec Final Destination, vous comprendrez qu’ils sont l’équivalent de l’entité qui commet tous ces meurtres. La présence des gravelings est un autre de ces petit bonus que Dead Like Me a en réserve pour vous.
Que dire du style visuel et du sentiment que dégage la série? Tout est parfait. Séquences rapides, lentes, retours en arrière atmosphériques. Vous aurez par moments une boule à la gorge, d’autre fois vous vous surprendrez à philosopher.
Le douzième épisode (Nighthawks) m’a beaucoup déçu. Certes, on en apprend un peu plus sur les obligations des faucheurs, mais une grande partie de l’émission est constituée de séquences extraites des épisodes précédents. C’est un genre de récapitulatif pour ceux qui auraient raté des épisodes. Le problème c’est que le téléspectateur fidèle se frustrera à tout coup de perdre tout ce temps d’antenne.
Contrairement à Nighthawks, Rest in Peace, le quatorzième et dernier épisode, lui, répond à une question que je m’étais posé très tôt dans la série et à laquelle je ne pensais jamais avoir de réponse. J’étais plus que comblé. Beaucoup de choses se règlent dans cette finale et on nous laisse sur une note positive et touchante.
Dead Like Me est unique pour beaucoup de raisons. Pas besoin d’être un fan d’humour noir pour admirer cette série. En fait, celle-ci banalise la mort de façon à ce qu’on en aille moins peur. La mort est et sera toujours un tabou et, en ce qui me concerne, Dead Like Me aura contribué à diminuer ma crainte face à celle-ci parce que de toutes les peurs, celle-ci me hante le plus…
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